LA MÉMOIRE CHRÉTIENNE DU PAGANISME CARNUTE
Société archéologique d’Eure-et-Loir
Bernard Robreau
Thèse de Doctorat Université François Rabelais à Tours (sous la direction de Nancy Gautier soutenue en 1993)
2 tomes
Sans date
Broché, format 16x24, VIII + 840 pages en continu, quelques Illustrations en noir
Thèmes : histoire, hagiographie, religion celte, celtisme, Gaule, Eure-et-Loir
État : bon état, début de fragilisation et désolidarisation jusqu’à la page 2, nom de l’auteur manuscrit sur pré-pages de titre, une pliure sur le 1er plat du tome 2, propres
Particularités : deux tomes
Présentation
Les documents hagiographiques Carnutes sont nombreux mais d'une faible historicité. Cependant miracles et vies de saints se présentent dans une forme encore proche de celle des récits mythologiques transmis oralement. Nous avons donc entrepris de montrer que ces textes constituent une mémoire codifiée permettant de dégager, sous le voile d'une rhétorique christianisée, les traces d'un calendrier, d'une sacralité de l'espace, de rites, croyances ou motifs très antérieurs au contexte chrétien de la rédaction. Nous avons également essayé de caractériser les sources orales réinterprétées par les hagiographes afin d'estimer le degré et la nature des déformations que ces derniers leur ont fait subir lors de l'affleurement à l'écrit. Le fond de la mémoire hagiographique des régions carnutes se révèle ainsi gaulois même si l'on peut aussi y découvrir des traces plus légères d'influences romaines ou germaniques. Notre corpus nous offre donc les moyens de combler les lacunes documentaires dont souffre l'étude de la tradition religieuse gauloise, notamment en matière de théologie ou de mythologie.
Repères
► Les Carnutes sont un peuple de la Gaule celtique vivant sur le riche plateau de Beauce, dans le centre de la France métropolitaine. Ils ont donné leur nom à la ville de Chartres.
► Le terme générique paganisme est employé depuis le 4ème siècle par des chrétiens pour désigner la religion de ceux qui ne sont ni chrétiens ni juifs. Il remonte au latin paganus : au 4ème siècle, ce mot pouvait servir à désigner les habitants des campagnes par opposition à ceux des villes ou bien les civils par opposition aux militaires. Entre les 2ème et 3èmesiècles, le latiniste chrétien Tertullien opposait déjà les milites christi, les « soldats du Christ », aux pagani fideles, ceux qui restaient fidèles à leur pays, à leurs traditions et à leurs racines. Le terme a ensuite été adopté dans la littérature chrétienne. Même s'il y désigne toujours ceux qui ne sont pas chrétiens, son acception y est cependant ambiguë. Il est parfois employé de façon péjorative pour désigner ceux qui sont tenus pour être des ignorants, parfois de façon neutre pour désigner les philosophes grecs, parfois encore pour désigner des chrétiens jugés mal convertis ou tièdes dans leur foi. À partir de 370, des lois impériales regroupées au 5ème siècle dans le code théodosien emploient le terme paganus pour désigner ceux qui pratiquent la magie, ceux qui sont considérés comme superstitieux ou dans l'erreur. Le terme a depuis conservé une connotation péjorative.
Au sommaire simplifié
► 1ère partie : la tradition hagiographique, un instrument de mémorisation
• L’hagiographie carnute
• Tradition vivante ou travail de faussaire
• Les ancrages liturgiques
• Liturgie et hagiographie
• La codification calendaire
• Les conventions spaciales
► 2nde partie : origine et transmission de la tradition carnute
• Une matière d’origine gauloise
• La descendance carnute de Lug
• Mutations et mutilations
• Réécriture des scénarios
• Compréhension et déformation