TITRE : La neuvième de Beethoven une histoire politique
AUTEUR(S) : Esteban Buch
ÉDITEUR : Éditions NRF Gallimard
COLLECTION : bibliothèque des histoires
ANNÉE : 1999
FORMAT : 14 cm x 22,5 cm
NOMBRE DE TOMES : 1
NOMBRE DE PAGES : 365
ILLUSTRATIONS : oui, un cahier central d’illustrations hors-texte en noir et en couleurs
RELIURE :broché, couverture souple
JAQUETTE : non
SIGNET : non
RHODOÏD : oui
ÉTAT : très bon état
THÈMES : essais, musique, politique
SUR LE LIVRE
Depuis sa création en 1824, la Neuvième Symphonie est l'œuvre qui, dans la musique occidentale, a connu le plus grand succès politique,jusqu'au choix récent de l'«Ode à la joie» comme hymne officiel de l'Europe.
Esteban Buch entreprend de rendre compte de cet éclatant parcours et d'analyser les multiples composantes de ce phénomène sans précédent: la naissance des hymnes politiques de la modernité nationale (God Save the King, La Marseillaise, L'Hymne à l'Empereur de Haydn, etc.), que Beethoven réussit à transfigurer dans son langage symphonique ; la tentative des compositeurs romantiques de faire de la Neuvième la pierre d'angle d'un culte de la musique ; la constitution, tout au long du XIXe siècle, du mythe de Beethoven,auquel participent célébrations et commémorations, des funérailles en 1827 au centenaire, en passant par l'érection de la statue de Bonn en 1845.
Toutes les familles politiques, mêmes les plus opposées, républicains français et nationaux-socialistes allemands, par exemple, se sont emparées du finale de la Neuvième jusqu'à la république raciste de Rhodésie qui en a fait son hymne national.
Comment le message universaliste utopique de Schiller - «Tous les hommes deviennent frères» - a-t-il pu faire l'objet de tant d'appropriations contradictoires et incompatibles ? Paradoxe déconcertant et emblématique de la culture européenne dont l'exploration, qui n'avait encore jamais été tentée, arrive à l'heure au rendez-vous de l'Histoire.
Revue de presse
Tout le monde se souviendra de la terrible reprise du thème An die Freude, dans Orange mécanique : Ludwig van est l'idole d'Alex. Rééduqué aux sons de la neuvième, ce dernier est gagné par la nausée chaque fois quel'hymne lui est administré. Assez curieusement, dans son film, Stanley Kubrik a remplacé la cinquième par la neuvième. Peut-être se souvenait-il que le poème de Schiller (An die Freude), était joué dans les camps, enfermant dans un geste qu'Esteban Buch n'hésite pas à qualifier de " satanique ", ses auditeurs dans le même cercle de violence barbare que le cynique Arbeit macht Frei.
Histoire politique, l'étude d'Esteban Buch trouve doublement sa place dans la bibliothèque de Pierre Nora. D'abord parce qu'elle est l'histoire de la fonction de la musique dans la construction de l'identification nationale. Pour l'Allemagne, comme auparavant pour la France de la Révolution Française, instituer la Nation c'était aussi en institutionnaliser la voix. Et de ce point de vue, Esteban Buch nous montre parfaitement comment l'œuvre de Beethoven est devenue emblématique d'une certaine idée de la nation allemande, en quête de son identité politique. Ensuite parce qu'au fond, à travers une histoire de sa réception, ce qu'il met en valeur, ce sont les mécanismes de " mémorisation" qui ont fait de cette oeuvre un bien singulier lieu de mémoire.D'Auschwitz à Sarajevo (joué en 96 par Yehudi Menuhin), en passant par son adoption, en 1972, par le Conseil d el'Europe comme hymne communautaire, sans oublier l'année 1981,lorsque François Mitterrand le choisit comme hymne d'investiture, le prélude de l'hymne à la joie aura décidément porté de bien étranges inspirations.
Musicologue, sociologue, Esteban Buch s'était déjà fait remarquer lorsqu'il était étudiant à l'EHESS par un très prometteur mémoire sur l'hymne argentin. Il a également publié aux éditions Actes Sud, en 1994, une passionnante étude sur Alban Berg.--Joël Jégouzo
Sommaire
● Les états de la joie
● Naissance des musiques politiques modernes
● Réception politique de l’Odeà la joie
● Critique et avenir d’un rêve