MON THÉÂTRE FORAIN
Témoignage de Jean Créteur enfant de la balle
Préface de Brigitte Olivier, attachée de conservation au Musée du Théâtre Forain d’Artenay (Loiret)
Les éditions du Colombier à Champrond en Gâtine (Eure-et-Loir)
Année 2001
Broché – couverture dépliante couleurs – format 21x21 – 216 pages – un cahier central de photographies et de dessins en noir
Thèmes : mémoires, spectacles, théâtre, comédiens, artistes
État : bon état, rares petites marques sur la couverture, propre et solide
Présentation (4ème de couverture)
Mon petit théâtre en bois, tu fus le château de mon enfance. Grâce à toi, j’ai traversé la vie avec sur mes épaules les mains de Thalie et de Melpoméne, et sur ma nuque les souffles de Polymnie, de Calliope et d’Erato.
Cet ouvrage n’est pas un roman, mais une série de récits, d’anecdotes, d’impressions relatant ce que fut ma vie de comédien dans le milieu du théâtre démontable qui me vit naître. Dans ces narrations écrites à moments perdus et suivant mon état d’âme ou mes impulsions, se trouvent certaines répétitions et redites. Mais l’une complète l’autre, et dans ces mémoires de mon existence d’enfant de la balle, ces reprises et rappels étaient nécessaires pour que tout soit dit.
N'étant pas écrivain, je prie d’excuser parfois dans ces récits l’absence de grammaire, le laisser-aller du verbiage et toute erreur de français. Bien plus que le reflet de mon passé, de mon métier ou de mes pensées, les textes qui suivent sont une page d’histoire sur une action culturelle méconnue, sur un patrimoine oublié, le théâtre démontable, pionnier de la décentralisation, à qui le musée national du théâtre forain d’Artenay donne aujourd’hui ses titres de noblesse.
Acta est fabula. La pièce est dite. Mes muses et mes souvenirs, maintenant, vivent dans ce musée. Fasse le ciel qu’ils ne s’y endorment pas.
Quelques repères
Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler de théâtre démontable ambulant forain. Il s’agit pourtant d’une forme théâtrale originale qui dévoile un pan captivant de l’histoire du théâtre en France. Forains par leur itinérance, démontables parleur structure, ces théâtres familiaux, sans attaches, ont circulé près de deux siècles dans les campagnes françaises, transmettant un art devenu désuet et incompris – sauf pour ceux qui l’ont connu. À ne pas confondre avec le théâtre de foire parisien du XVIIIᵉ siècle, les théâtres démontables sont apparus pour la première fois en province à l’aube du XIXe siècle. Ils proposaient un éventail riche et complet de différentes pièces de théâtre : célèbres mélodrames, vaudevilles, comédies militaires, drames, hautes comédies, opéras et opérettes pour les troupes lyriques. Malgré cette hégémonie théâtrale dans la province française pendant plus de deux siècles, cette forme particulière sera volontairement ignorée, délaissée par les pouvoirs publics et mise à l’écart de la décentralisation théâtrale annoncée). À sa mort, dans les années 1960, le théâtre démontable tombe dans l’oubli et laisse des traces sensibles pour ces acteurs de toujours. « Si tu ne vas pas au théâtre, le théâtre viendra à toi » proclame Jeanine Camp, artiste. Telle pourrait être la devise des théâtres ambulants démontables forains ! Ces artistes ne se contentent pas de proposer des spectacles sur de simples tréteaux en extérieur, mais ils se déplacent avec leur propre structure théâtrale. À la cadence d’environ quatre villes par an, un théâtre ambulant démontable rayonne dans toutes les régions de France. Entre 1918 et 1939, 200 théâtres étaient recensés, pour cinq villes annuellement traversées. « Nous avons mille localités visitées. Chaque année ! Faites le compte pour seulement un demi-siècle. […] Combien de représentations données ? Faites le compte : quelques millions ! Combien de spectateurs touchés? Des dizaines de millions ! Dont beaucoup ignoreraient tout du théâtre », cite Lucien Caron, ancien artiste forain, dans la brochure des amis du théâtre démontable.